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Pôle 76

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Consignes en ligne

Mouvements

  - la danse

1 mai 2010 6 01 /05 /mai /2010 13:57


 

- La névrose dont tu souffres ne serait-elle pas guérie par la pratique de la marche ?

- Quand même, il ne faut pas tout ramener aux modes en vigueur, autant pour le mal que pour le remède ! C’est comme si le cube que tu avais désigné du geste et qui s’étalait dans le paysage pouvait servir de référence à une courbe ! En fait l’état des choses dépend de l’union existant entre les divers paramètres qui doivent être pris en compte.

- C’est simplement fonction des éléments en jeu. Le maçon présent sur le chantier de construction de ce cube n’était-il pas le seul témoin dans cette affaire ?

- C’est normal, le paysage au lagon bleu participait de son héritage.


Angèle

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1 mai 2010 6 01 /05 /mai /2010 13:56

 

Un ramereau espiègle aurait-il sa faveur? Elle allait devoir s'atteler sérieusement à cette question : il avait caché la clé dans les replis de son plumage et l'enchantement qui l'enchaînait à lui, l'obligeait à un amour librement consenti. La clé lui permettrait d'accéder au petit instrument qui tracerait les sillons des pages de l'ouvrage, la galope de métal blanc enfermée dans le placard.

Le monitor antédiluvien, parti en exploration à la recherche du ramereau avait ramené ce passereau rieur et farceur qu'elle observait depuis le début du jour. "Mais ce crève-vessie suffira t-il à payer son pain ?" se demandait elle par devers elle. Souterrainement, le burat de son cache-coeur renforçait son innocuité.

Elle avançait dans le noir en zigzag du bout de ses pieds blancs.

Marianna


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1 mai 2010 6 01 /05 /mai /2010 13:52

 

Après une encaisse sur un fauteuil troué, la folle pleura la fin du printemps. Considérant l’un et l’autre bancal, ahuri et incapable d’apporter une réponse intelligente, le nabab posa son chapeau sur la tête et tapa du poing sur la table. Le nabot et le chat eurent peur et s’enfuirent. Dans la foulée ils furent écrasés par le tracteur qui venait de la grange.

S.E



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1 mai 2010 6 01 /05 /mai /2010 13:44

 

Les étudiants doivent-ils préparer le concours en y intégrant la notion de mort médiatique ?

Nous sommes à l’école de commerce, c’est la fin de l’année et Benoit planche sur son sujet de concours. Il se prépare depuis des mois et il sait que c’est sa dernière chance. La pression a été telle qu’il envisage le pire, tout est prêt dans le tiroir de la table de nuit. Ses parents ne lui pardonneraient pas un nouvel échec.

Il faut dire que le renom de  la famille W. est mondial.

Le temps s’écoule trop vite et pourtant Benoit termine son épreuve avec le sourire. Pas de tribunal, pas de juge, il pourra satisfaire sa famille

C.E


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1 février 2010 1 01 /02 /février /2010 13:48

 

 

Stage d'écriture

Samedi 01 septembre 2009

à St Germain des Essourts


  « Récits de voyages »

Animations :

   Claudine Dozoul et Catherine Robert



 

 

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31 janvier 2010 7 31 /01 /janvier /2010 17:43

 

Voyager, c’est bien utile, ça fait travailler l’imagination. Tout les reste n’est que déceptions et fatigues. Notre voyage à nous est entièrement imaginaire. Voilà sa force.

 

Il va de la vie à la mort. Hommes, bêtes, villes et choses, tout est imaginé. C’est un roman, rien qu’une histoire fictive. Littré le dit, qui ne se trompe jamais.

 

Et puis d’abord tout le monde peut en faire autant. Il suffit de fermer les yeux.

 

C’est de l’autre côté de la vie.

 

Céline,   Voyage au bout de la nuit (1932)




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30 janvier 2010 6 30 /01 /janvier /2010 09:52

 

Huit jours que je passe et repasse devant. Rien. Pas le moindre signe d’éveil, pas la plus petite étincelle. Rien. Si encore j’avais le sentiment de chercher à saisir quelque chose qui s’échappe... Mais non, même pas. Je tends une main ouverte, et quand elle se referme il n’y a entre mes doigts que ce qui préexistait. Rien de plus. C’est comme tomber dans un gouffre obscur dont on ne peut appréhender les limites.

J’abandonne.

Et y reviens.

En moi comme un vide, le sentiment d’un abandon. Un leurre. Que se passe-t-il ? Où sont les mots envolés ? Je m’interroge. Serait-elle trop dévoilée, impudique ?

Depuis l’enfance il est vrai, j’ai toujours préféré à la lumière crue ou à l’obscurité (qui toutes deux pareillement aveuglent), la pénombre, creuset de tous les fantasmes, scène primaire où tout peut advenir. à la clarté, à la netteté, je préfère le flou qui ouvre à l’imaginaire, à la curiosité. Et où serait ce monde sans curiosité... L’évolution, tant de la race que de l’individu, ne peut se faire que si se posent des questions dont les réponses nous échappent, nous obligeant à inventer, à créer au-delà de nos limites un horizon où se poser et re-poser.

Peut-être est-ce la raison. Ou peut-être pas.

Peut-être faut-il simplement y voir ce travers de mon caractère qui fait que je n’élabore facilement qu’à partir de mes propres choix ?

J’abandonne à nouveau.

Et y reviens encore.

Elle est là. Elle n’a pas bougé. Elle semble me narguer. Je m’énerve, tourne en rond. Je l’aborde, je lui parle. J’essaie de l’apprivoiser, mieux, de la charmer. Rien n’y fait. Elle demeure insensible à mes avances, semble se moquer. Cette valise, comme une large bouche édentée me sourit d’un air idiot. Son monde n’est pas le mien. Nous ne nous comprenons pas.

Et si après tout c’était cela l’idée. Ecrire pour faire se rencontrer deux mondes qui s‘ignorent. Ecrire pour faire tomber les barrières, brûler les différences. Ecrire toujours et encore, poser des gouttes d’encre pour cueillir les fruits défendus d’un Eden de papier. S’absenter du monde, s’évader de soi. Ecrire pour mettre une distance entre soi et soi, entre soi et sa douleur. Pour se vivre à la fois acteur et spectateur. Pour serrer dans ses bras l’autre qui coexiste en nous.

Oui, je peux croire en cela.

Je peux. Et j’oublie.

Je transcende l’image et porte mon regard au-delà.
Et au-delà, il y a toi.

Marie
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30 janvier 2010 6 30 /01 /janvier /2010 09:44


Sans-titre-1.jpg

photo de Marion Le Breton


 

Je ne sais pas pour qui j’écris cette lettre, peut-être pour ma bonne conscience uniquement,

 

Parce qu’au jour d’aujourd’hui, je ne sais pas si quelqu’un sera en mesure de la lire.

Cette histoire est à la fois une anecdote de ma vie, l’histoire d’un voyage,

Et un récit de la destinée du monde.

 

J’ai créé le monde, ce n’est un secret pour personne, même si certains, pour se donner de l’importance se permettent d’en douter. Mais peu importe…

J’ai créé le monde donc : une sorte d’Eden verdoyant, avec deux locataires, tout nus et bien sympathiques (j’étais dans ma période naïve).

  Ca a tout de même été un boulot conséquent, et quand j’ai eu fini, j’ai eu envie de partir en vacances.

 

 

Tout Dieu que je suis, j’ai mes limites, et je me sentais un peu dépressif après cette œuvre achevée (ceux qui sont des créateurs comprendront ce sentiment). Bref un peu las de cet univers lénifiant que j’avais modelé de mes mains, je me suis dit, Dieu, changer d’air ne te fera pas de mal !

 

J’ai pensé emmener le monde avec moi, je vous l’assure, mais ma valise était trop petite (la photo en atteste). Je ne cherche pas à me justifier, mais simplement à prouver que je suis de bonne foi (c’est la moindre des choses pour Dieu).

   
Mais, fi de digressions, je suis donc parti en vacances, sans le monde (un voyage très sympa d’ailleurs), et c’était une GROSSE erreur.

 

 

A mon retour c’était la catastrophe dans le monde : violence, souffrance, luxure, j’en passe et des meilleures.

 

Je n’ai pas trop compris comment cela était arrivé, une histoire de pomme, de serpent, un truc assez nébuleux à vrai dire, mais le résultat n’était pas beau à voir !

 

Mon premier réflexe a été d’ordre hygiénique : lavage à grandes eaux ! Pas suffisant hélas… Il y a un quidam à l’âme chevaleresque, un certain Noé en bas qui a mis un couple de chaque espèce dans un bateau (ou une arche pour être plus précis), et tout est reparti de plus belle…

 

En réfléchissant j’ai alors tenté des solutions plus douces. Mon idée était d’infléchir le problème de l’intérieur : alors j’ai formé un certain nombre d’émissaires, histoire d’expliquer à ceux d’en bas qu’il y avait peut-être mieux à faire du monde que le magma violent et sans pitié qu’il était devenu. Mais l’idée des prophètes s’est avérée également infructueuse… Ce sont des vrais sauvages en bas ! L’avant dernier, ils me l’ont cloué sur des planches ! Une vrai boucherie.

 

Au chapitre de mes tentatives de solution, je mettrai également la rédaction de deux ou trois manuels de bonne conduite, mais je ne suis pas bon pour ça. Je pars d’une idée simple, essayer d’aider le monde à aller mieux, puis je me perds dans des détails inutiles. Résultat, au bout d’un siècle, les détails prennent plus d’importance aux yeux des humains que l’essentiel, et ils arrivent même à s’entretuer à cause de mes lacunes d’écrivain.

 

Après cela, j’ai vraiment traversé une sale période. J’avais plus envie de rien, j’étais dégouté par ma propre création… La grosse déprime quoi ! J’ai entamé une thérapie, mais à part me culpabiliser encore un peu plus, ça ne m’a pas apporté grand chose. J’avais beau lui dire que tout cela n’était le résultat que d’un simple voyage, et d’une histoire de valise trop petite, rien à faire, le gars me répétait tout le temps que tout était de ma faute, que le monde n’était que le reflet de ma propre défaillance, et qu’inconciemment j’avais moi-même introduit le vers dans le fruit. Le péché originel ne serait qu’un reflet de ma propre volonté d’autodestruction, une sorte de conduite d’échec a-t-il dit. Pas vraiment aidant vous l’admettrez !

 
  Depuis, j’ai décidé de ne plus rien faire : je laisse le monde se débrouiller seul ! C’est pas vraiment mieux à vrai dire, mais pas vraiment pire non plus. En fait, je finis par penser, qu’ils vont régler le problème à ma place. Ils sont vraiment très forts les humains pour s’entretuer ! Et comme si ça ne suffisait pas, ils ont tout détraqué, et ils sont en train de se faire cuire tout seuls ! Quand ils auront nettoyé tout ça, et je leur fais confiance, ils vont bien y arriver, je ferai un autre monde mais plus modeste, un que je peux mettre dans la valise, parce qu’avoir un monde à charge je veux bien, mais je ne veux pas que ça me bloque à la maison.

 

 
Marion

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30 janvier 2010 6 30 /01 /janvier /2010 09:40

1er janvier 2007 : Chicago – Illinois
 
Je suis arrivée ce matin à l’aéroport Midway.
Quelle foule, j’ai besoin d’air.
L’aéroport n’est pas très loin du lac Michigan.
C’est là que commencera mon périple.
 
 
02 janvier 2007 : Lincoln park
 
J’ai trouvé une auberge de jeunesse dans le quartier de Lincoln park hier soir, près du lac. L’endroit est calme. Le parc regorge de petits sentiers, sinueux, remplis d’herbes folles.
Je me sens bien ici. Je vais pouvoir réfléchir.
Il faut maintenant que j’organise mes recherches. Je vais d’abord remonter les rives du lac vers le nord. Il aime l’eau donc, avec un peu de chance, il se sera installé dans le coin.
Je rentre dormir à l’auberge, pleine d’espoir.
 
 
03 janvier 2007 : Rives du lac
 
J’ai commencé mes recherches ce matin.
Les gens sont d’un abord très rustre, mais rapidement, ils proposent leur aide lorsque je leur explique la situation.
Finalement, ils ressemblent assez à leur ville.
La première image que j’ai eu en arrivant, c’étaient ces immeubles tassés, une foule dense. Tout me semblait impénétrable.
Et puis, en faisant quelques pas, j’ai trouvé Lincoln park, accueillant, ouvert, disponible.
 
J’avance tranquillement. J’ai quadrillé Lakeview aujourd’hui.
Ce quartier semble totalement voué au baseball. Un stade, un peu rétro, y tient une place imposante.
Les habitants que je croise m’en parlent systématiquement lorsqu’ils entendent mon accent étranger.
Mais je n’ai pas vraiment le temps de visiter.
Je rentre me coucher, épuisée par ma journée de marche.
Demain, ce sera le quartier d’Uptown.
 
04 janvier 2007 : Uptown et Edgewater.
 
J’ai pu faire deux quartiers aujourd’hui.
Et j’ai compris pourquoi on appelait Chicago la ville des vents.
Près du lac, ils sont encore plus forts et j’ai eu froid toute la journée.
Pourtant, j’ai dû boire une demi-douzaine de café, me réchauffant les mains sur ces drôles de gobelets en carton.
 
Je commence un peu à douter. J’ai quasiment fait la moitié nord des rives du lac, sans succès.
Cependant, je reste persuadée qu’il aura choisi un endroit calme, près de l’eau.
Quand j’avais 6 ans, nous avions passé tout un été à camper au bord des gorges du Verdon.
C’est là qu’il m’avait appris à écouter l’eau. Il me disait souvent que si je tendais l’oreille, j’entendrais la rivière répondre à mes questions.
A l’époque, je ne comprenais pas vraiment.
Mais il y a un mois, c’est sur une plage de la Manche que j’ai pris la décision de venir le chercher.
 
De retour à l’auberge, j’ai croisé le concierge qui m’a salué d’un bref signe de tête.
Nous n’avons jamais échangé plus de trois mots. Il à l’air bien solitaire.
 
 

05 janvier 2007 : Oakland – Kenwood – Hyde park.

 
Aujourd’hui, j’ai décidé de descendre vers le sud du lac.
Je commence à m’aguerrir, je deviens efficace et couvre un maximum d’espace en un minimum de temps.
J’aime bien ce coin.
La population multiethnique, l’université avec ses façades gothiques et de nombreux musées.
 
Je me sens bien ici et je me dis qu’il doit aussi aimer cet endroit.
Du coup, la journée file à une vitesse impressionnante.
Je pense que je peux trouver des pistes par là et, en fin d’après-midi, je fais un aller et retour à l’auberge pour récupérer mes affaires.
Le concierge n’est pas là.
Je m’installe dans une résidence universitaire ouverte aux voyageurs.
Le lieu est magnifique.
 
06 janvier 2007 : Le West Side.
 
Cela fait maintenant 6 jours que je suis arrivée.
J’ai déjà oublié ma vie d’avant tant je suis concentrée sur mes recherches.
Pour la première fois, je pense au choix qu’il a fait.
 
Il ne me semble pas de meilleur endroit pour recommencer une vie, ou suivre un chemin. Le sien, celui d’un autre.
Quand elle nous a abandonné, il m’a dit qu’il était perdu.
Perdu dans une vie inconnue sans elle mais aussi perdu pour moi.
Il est partit en me laissant chez sa sœur. Il y a 10 ans.
 
Je comprends aujourd’hui qu’il soit venu se perdre ici.
Dans cet endroit, on peut être à la fois tout le monde et personne.
L’étudiant, le vendeur de beignet, le passant. Même l’autochtone semble étranger.
Et puis ces rues, cette architecture, tout semble possible ici.
 
 
07 janvier 2007 : Oak park avenue.
 
Je l’ai vu ce matin.
J’ai peiné à le reconnaître.
Il était assis sur un banc, devant une grande maison victorienne.
Je l’ai regardé longtemps, en prenant soin qu’il ne me voit pas.
Je l’ai laissé partir sans avoir le courage d’aller lui parler.
Après son départ, je suis allée m’asseoir sur le banc. La maison victorienne s’est révélée être le lieu de naissance d’Hemingway.
Mais comment n’y avais-je pas pensé plus tôt ?!
« Le vieil homme et la mer », son livre de chevet. Il l’emmenait partout avec lui, et c’est d’ailleurs la seule chose qu’il avait emporté lorsqu’il était partit.
 
08 janvier 2007 : Résidence International House.
 
Je ne suis pas sortie aujourd’hui.
J’ai passé la journée à imaginer ces retrouvailles.
Ou pas.
 
Aurélie.
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30 janvier 2010 6 30 /01 /janvier /2010 09:37

27 Mai 1932- San Sebastien

            Je laisse derrière moi un autre moi-même. Je veux être neuf, vierge, pour aller à la rencontre de ce que j’ignore encore.

Celui qui deviendra je l’espère mon fidèle compagnon de route marche d’un pas lent et régulier à mes côtés. Dans mon dos, la mer s’agite. Devant moi le chemin s’élance. La montagne est douce, ses courbes féminines suggèrent une belle alanguie. L’air est frais et secoue mes pensées. Je ne veux pas imaginer la destination. Je veux juste vivre dans l’instant.

 

                        31 Mai.

            Le sentier n’en finit pas d’onduler. Les maisons se dressent telles des sentinelles massives. Leur hauteur semble disproportionnée, leurs toits sont larges et peu pentus. Dessous sont suspendues de grosses tresses jaunes et sèches d’épis de maïs. Les murs blancs aux poutres rouge-sang sont sans expression.

Hier, j’ai fait ma première rencontre. L’homme -car c’est bien d’un homme dont il s’agit- était posé là, le visage fermé, l’air bourru. Sur sa tête, un béret de feutre noir vissé. Les bras appuyés lourdement sur une canne en bois de châtaigner. Il m’a hélé dans un patois dont les accents, étrangement, rappellent ceux de chez nous bien que je n’ai pu en saisir un seul mot. Seules ses lèvres ont bougé. Il n’a esquissé ni un sourire ni un geste. Mais ces yeux ! Bon sang ces yeux, si tu les avais vus : noirs comme des puits. Effrayants. J’ai fait un signe et ai passé mon chemin, pas très rassuré je l’avoue.

 

                        7 Juin

            Le paysage change. Les pentes deviennent plus raides. Elles sont couvertes de bois profonds dont la plupart des essences me sont inconnues.

Aujourd’hui Courage, mon âne qui jusque là m’avait suivi sans broncher, ne s’est pas montré à la hauteur de son patronyme. L’animal s’est brusquement arrêté, sans raison apparente, refusant obstinément de faire un pas de plus. Je n’en suis pas très fier, mais j’ai même recouru à la badine. Sans succès. En désespoir de cause, je me suis assis sur la mousse. Un rayon de soleil parvenait tout juste à traverser les branches. Le baudet ne bougeait toujours pas. J’ai sorti ma chopine, celle que je garde habituellement pour le soir, et le reste de mon pain de 10 livres. J’ai pensé : jamais je n’atteindrai le refuge pour la nuit. Et puis, peut-être à cause de la douceur de l’air, peut-être à cause du vin, je me suis endormi. C’est courage qui m’a réveillé. Il me tirait par la manche. Je me suis levé, j’ai brossé mes vêtements, et aussi soudainement qu’il s’était arrêté, il s’est remis en route. Il marchait devant et d’un si bon pas -j’avais du mal à le suivre- que pour finir nous étions au refuge, d’où je t’écris, avant la nuit. Je me prends à penser que le quadrupède a plus de jugeote qu’il n’y paraît !

Le refuge tout en pierres grises, juste empilées les unes sur les autres sans aucun liant, ressemble plus à une grotte qu’à autre chose. Il y fait sombre. Aucune fenêtre dans les « murs ». Une légère odeur de moisi flotte et les reliefs d’un repas datant de plusieurs jours sont restés là. Mais au moins, je suis à l’abri et avec un bon feu (nécessaire car l’air est plutôt frais) je me sens plutôt bien.

 

                        12 juin

            J’aimerais que tu sois là. Que c’est beau ! Si beau qu’on se surprend à imaginer que ce ne peut être que l’œuvre d’un « être supérieur » (tu imagines, moi, un athée, te dire cela…). Ça sent le foin, les fleurs sauvages. L’air est cristallin, le ciel bleu pâle, sans nuage, piqué au vif par des pointes rocheuses acérées. Des lacs gelés, miroirs de nos âmes, émaillent le paysage. Des troupeaux de brebis promènent leurs clarines. Le sol est dur sous mes pas et j’ai bien mal aux pieds. Mais fi de cela : je me sens comme un nourrisson qui ouvrirait l’œil pour la première fois sur le monde.

 
Marie
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